Mieux comprendre la maladie d’Alzheimer

La maladie d’Alzheimer constitue la maladie neurodégénérative la plus fréquente en France. Sa prévalence se veut malheureusement exponentielle ; on observe d’ailleurs que le nombres de personnes atteintes à doublé au cours de ces 25 dernières années à l’échelle mondiale. Mais de quoi s’agit-il réellement ?

Histoire et physiopathologie

            Le ministère des solidarités et de la santé définit cette pathologie comme : « une maladie neurodégénérative (atteinte cérébrale progressive conduisant à la mort neuronale) caractérisée par une perte progressive de la mémoire et de certaines fonctions intellectuelles (cognitives) conduisant à des répercussions dans les activités de la vie quotidienne ».

La ligue européenne contre la maladie d’Alzheimer nous explique alors l’étiologie de cette maladie. Décrite pour la première fois en 1907 par le psychiatre Aloïs Alzheimer, il mit en évidence par l’étude histopathologique d’une patiente atteinte de démence deux types de lésions cérébrales : les plaques séniles ainsi que les dégénérescences neuro fibrillaires. Par la suite, les progrès de la science ont permis de mieux comprendre et d’analyser ces mécanismes neurodégénératifs. Dans cette pathologie, il existe un déséquilibre lié à une présence trop importante de protéines bêta-amyloïde aboutissant à une agrégation formant les plaques séniles. Il existe également une anomalie de la protéine TAU qui, en devenant défectueuse, va se décrocher des microtubules entraînant une dissociation du squelette du neurone. C’est l’agrégation des protéines TAU qui va alors constituer une dégénérescence neuro fibrillaire, provoquant à terme la mort du neurone. À ce jour, certains symptômes peuvent être soulagés mais aucun traitement curatif n’existe.

Symptomatologie

            Pour mieux comprendre une pathologie, il est indispensable d’en connaître plus sur ses manifestations. Louis Ploton est psychiatre de formation, écrivain de plusieurs ouvrages spécialisés dans la maladie d’Alzheimer et professeur de gérontologie à Lyon. Dans son livre (2009), il nous parle de la symptomatologie de cette maladie en commençant par évoquer chronologiquement les troubles mnésiques (atteignant premièrement la mémoire à court terme puis à long terme) : « la maladie commence généralement par des trous de mémoire portant notamment sur la recherche de mots, mais aussi sur des événements, avec des défaillances du travail associatif de l’esprit. Les patients parlent aussi de formes de pannes de pensée (…) un sentiment de perte de sens (…). Là se retrouvent aussi des pertes d’habiletés et des problèmes de reconnaissance des personnes (…). Plus tardivement, ce qui caractérise le fonctionnement psychique des malades est leur incapacité de penser avec des mots. Ils sont privés de discours intérieur, comme revenus à un fonctionnement de type pré-verbal. C’est, ensuite, la capacité d’avoir des images mentales qui semble s’estomper ». Cette symptomatologie est également décrite par l’association américaine de psychiatrie (1994). Relatant également des déficits cognitifs et une altération du fonctionnement, l’association ajoute qu’il s’agit d’une une maladie d’évolution progressive : « le début de la démence type Alzheimer est progressif et l’évolution implique un déclin cognitif continu ». Conséquence de ces symptômes, cette pathologie constitue la cause principale de la perte d’autonomie.

            Enfin, Louis Ploton rappelle également à de nombreuses reprises que ces signes cliniques ne sont pas figés : ils peuvent varier à n’importe quel moment de façon imprévisible. Eveleen Valadon (2017), atteinte de la maladie d’Alzheimer, témoigne son point de vue concernant l’hétérogénéité de cette pathologie dans son ouvrage : « tout se passe très différemment selon les personnalités, l’environnement et peut-être même le niveau de culture, sans compter les outils mis à notre disposition ».

La notion de conscience

La conscience : au vu des symptômes de la maladie, semble à première vue très altérée. Cependant, grâce à la recherche, on s’aperçoit que celle-ci est en réalité bel et bien présente.

Louis Ploton (2009) insiste effectivement sur le fait que malgré les troubles, les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer conservent une certaine perception : « cela ne signifie en aucun cas qu’ils soient imperméables à ce qui se passe », « par contre on dispose d’arguments cliniques pour affirmer que les malades ont une forme de perception de ce qui se passe autour d’eux et de ce qui les concerne », « il est intéressant de citer Charazac pour qui « avec le patient dément, la prescription reste un acte de parole et d’échange, même lorsqu’il nous est présenté comme incapable de s’y associer » », « il importe en effet de reconnaître une place à l’intelligence du dément, au lieu de lui dénier toute compétence et de ne faire que quantifier les déficits : le malade dément sévère continue de penser avec plaisir quand l’émotion est permise ».

Thierry Rousseau (2011), orthophoniste et docteur en philosophie conforte cette idée dans son ouvrage : « plusieurs études nous ont permis de montrer les processus de fonctionnement de la communication des patients Alzheimer. À partir d’une évaluation pragmatique de la communication, qui tient compte du contexte de communication, nous avons montré que la valeur sociale de la communication demeure jusqu’à des stades très avancés de la maladie malgré les déficits linguistiques ». Par conséquent, même s’il est parfois difficile d’évaluer le degré de perception du patient, la dimension relationnelle ne doit pas être négligée.

En somme, on peut dire que la maladie d’Alzheimer est une pathologie complexe de par son étiologie. Sa symptomatologie comprend principalement des troubles cognitifs dont les troubles mnésiques d’évolution hétérogène, propre à chacun. De plus, même dans une situation d’atteinte très importante, des formes de conscience et de communication restent bien présentes.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *