Comment se manifestent les troubles neurovisuels engendrés par les traumatismes crâniens ?

Première cause de handicap sévère chez les personnes de moins de 45 ans, les traumatismes crâniens constituent un enjeu de santé publique majeur (Loeuillet Paul, 2019). En effet, ceux-ci sont responsables de nombreuses séquelles telles que les troubles neurovisuels. Afin d’approfondir ce sujet, il semble pertinent de se questionner ; comment se manifestent les troubles neurovisuels engendrés par les traumatismes crâniens ? Pour tenter de répondre à cette question, il convient d’abord d’expliquer les grandes généralités des traumatismes crâniens, suivis de la présentation des conséquences principales. En découlera enfin un approfondissement de la principale conséquence neurovisuelle : l’hémianopsie latérale homonyme.

I – Mieux comprendre les traumatismes crâniens

Le traumatisme crânien (ou traumatisme crânio-cérébral) se traduit par un choc au niveau de la tête. Au fil des années, diverses grandes institutions en ont établi des définitions, principalement basées sur les manifestations symptomatiques observables. Par exemple, l’Organisation Mondiale de la Santé en a proposé une définition (d’après Thurman, 1995) : « la survenue d’une blessure à la tête suite à un traumatisme fermé ou ouvert ou suite à un phénomène d’accélération et/ ou de décélération, avec : altération observée ou déclarée de l’état de conscience ou amnésie due au traumatisme, et/ou des manifestations neurologiques ou neuropsychologiques (…) ». Celui-ci peut présenter différents degrés de sévérité, allant ainsi de léger à sévère.

Deux grandes catégories d’étiologies se distinguent à ce jour : les causes intentionnelles et non intentionnelles. Les causes involontaires sont les plus prévalentes. Parmi les principales, on note les accidents de la route et les chutes. Les causes involontaires relèvent quant à elles principalement d’agressions, de suicides ainsi que de maltraitances (Santé publique France, 2016).

II – Conséquences et manifestations

Outre la présence du risque de mortalité (plus ou moins élevé selon la gravité), plusieurs conséquences peuvent survenir à la suite d’un traumatisme crânien. En premier lieu, des troubles comportementaux peuvent apparaître : agitation, agressivité, irritabilité, apathie… Ensuite, l’apparition de troubles d’ordre neurologique peut également s’observer ; il s’agit principalement d’épilepsie.

Parallèlement, des manifestations de symptômes post- commotion peuvent également apparaître : céphalées, troubles du sommeil, insuffisance hypophysaire… À long terme, les traumatismes crâniens augmentent le risque de développer des maladies neurodégénératives (Santé publique France, 2016). Enfin, des troubles neurovisuels peuvent également résulter d’un traumatisme crânien. Sa manifestation clinique prévalente est l’hémianopsie latérale homonyme (Perez Céline, 2014).

III – Qu’est-ce que l’hémianopsie latérale homonyme ?

D’origine centrale, ils sont induits par une lésion située entre le chiasma optique et le cortex visuel primaire. Ils se manifestent principalement par une altération/ amputation du champ visuel. Bien que l’étiologie prépondérante de l’hémianopsie latérale homonyme soit l’accident vasculaire cérébral, il peut également être causé par un traumatisme crânien. Les lésions, quant à elles, peuvent être localisées dans différentes régions cérébrales : lobe occipital, lobe pariétal… (Perez Céline, 2014).

Hormis les autres lésions somatiques propres au traumatisme crânien, certaines séquelles sont directement liées à la perte de la vision. Il s’agit principalement des troubles mnésiques, la vision jouant un rôle majeur dans la mémorisation (Kerkhoff Georg, 2000). L’hémianopsie latérale homonyme peut également induire une perte d’autonomie, se manifestant par une difficulté ou une impossibilité de réaliser les actes de la vie quotidienne : déplacements, lecture… (Marigold D.S., 2007).

En somme, les troubles neurovisuels induits par les traumatismes crâniens peuvent prendre différentes formes : troubles cognitifs, neurologiques, comportementaux… L’hémianopsie latérale homonyme se positionne cependant comme la manifestation prévalente. Loin d’être anodine, elle peut lourdement impacter la vie quotidienne des personnes qui en sont atteintes. Afin d’approfondir ce sujet, il serait intéressant de s’intéresser à sa la prise en charge pluridisciplinaire.

Références

Kerkhoff G. (2000). Neuro-visual rehabilitation : recent developments and future directions.

Loeuillet, P., Kozlowski, O., Allart, É. & Moroni, C. (2019). Vieillissement de la personne traumatisée crânienne en situation de handicap. Gérontologie et société, 41(159), 77-84. https://doi.org/10.3917/gs1.159.0077

Marigold D.S., Weerdesteyn V., Palta A.E. (2007). Keep looking ahead ? Re-direction of visual fixation does not always occur during an unpredictable obstacle avoidance task. Exp Brain Res; 1761 : 32-42.

Perez, C., Gillet-Ben Nejma, I., Allali, S., Boudjadja, M., Caetta, F., Gout, O ..

& Chokron, S. (2014). Hémianopsie latérale homonyme : amputation du champ visuel, perception implicite et hallucinations visuelles. Revue de neuropsychologie, 6, 238- 255. https://doi.org/10.1684/nrp.2014.0319

Santé publique France (avril 2016). Épidémiologie des traumatismes crâniens en

France et dans les pays occidentaux.

Thurman DJ, Kraus J, Romer c. (1995). Standards for surveillance of neurotrauma. World Health Organization. Safety Promotion and Injury Control. Division of Emergency and Humanitarian Action.

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